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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
13 août 2014

13 Août 1914

13 Août 1914

C’est bien au Col de Bratte que l’on nous a conduits hier. Première nuit passée à la belle étoile ! Notre bivouac est installé à la lisière du bois du Chapitre et j’ai dormi, fort bien, ma foi, dans une petite niche de feuillage construite par mon ordonnance.

photo frednancy sur panoramio.com

remerciements à frednancy sur panoramio.com. Ce petit bois, situé au col de Bratte, pourrait bien être celui du Chapitre.

Ce matin, réunion des Commandants de Compagnie du 5e Bataillon pour entendre le Commandant du Génie de la Division qui va nous donner quelques directives pour la construction de nos tranchées. D’après ce que l’on peut déduire de ses explications, nous ne devons pas trop compter sur nos camarades les Sapeurs, mais bien sur nous-mêmes. « Aide-toi, le ciel t’aidera », est plus vrai là que partout ailleurs.

Allons, après un déjeuner rapide, à l’ouvrage ! Le métier de terrassier ne convient qu’à moitié à nos troupiers et, de temps en temps, il faut ranimer leur ardeur. Ah ! qu’ils reçoivent seulement quelques bordées d’obus, et je gage bien qu’ils prendront, alors, leur travail bien plus à cœur, sachant que ce qu’ils font leur sera utile pour s’abriter.

08 13 tranchées & pyramides Le Rire Rouge du 20 février 1915

"Tranchées & pyramides", tiré de Le Rire Rouge - Edition de guerre du Journal, 20 février 1915 (coll pers.)

Un singulier tuyau nous parvient : notre divisionnaire, un certain Général Bizarre[1], que nous n’avons encore jamais vu, est déjà relevé de son commandement avant que nous ayons même pris contact avec l’ennemi. Il faut réellement croire que son incapacité était notoire. C’est notre brigadier, le Général Fayolle[2] qui lui succède.

On en dit grand bien.

08 13 Général Fayolle Petit Journal

Supplément illustré du Petit Journal du 23 février 1919 consacré au Général Fayolle. Voici ce qu'il en est dit pour la période qui nous intéresse: "La guerre éclate.Fayolle reprend immédiatement du service. Il reçoit, le 13 août 1914, le commandement de la 70e Division qui prend une part glorieuse dans la défense du Grand-Couronné de Nancy." (Coll. pers.)

Toujours pas de nouvelles des Miens ! Que peut devenir mon frère ? Il doit, je crois, être affecté à la défense de Maubeuge.



[1] Il y a erreur d’orthographe de la part de Lucien, car il s’agit en réalité du général Charles, Ferdinand Bizard (1852-1933), dont on ne trouve guère de trace dans l’histoire, si ce n’est qu’il fut limogé par Joffre pour être remplacé par Fayolle. Il fut cependant commandeur de la Légion d’honneur et officier de l’Instruction publique. NDLR

[2] Le Général de brigade Fayolle, qui venait d’être atteint par la limite d’âge quelques mois avant la mobilisation (exactement en mai 1914) - c’était un artilleur, ancien professeur à l’Ecole de Guerre- a eu une destinée particulièrement brillante pendant la Guerre (cette brillante destinée, il est vrai, a bien failli être arrêtée à son début : le Général n’a-t-il pas été à deux doigts, dès notre arrivée en Artois, alors que nous formions l’extrême aile gauche de l’Armée française, d’être fait prisonnier au cours d’une reconnaissance en automobile ? S’étant aventuré un peu trop loin, sa voiture s’est tout à coup trouvée entourée d’un parti de uhlans et notre chef n’a du son salut qu’à une fuite rapide, autant qu’éperdue ! Le danger qu’il avait couru était en réalité bien grand, puisque l’officier d’état-major qui l’accompagnait avait été grièvement blessé à ses côtés (le Capitaine Herscher, aujourd’hui Colonel et commandant St Cyr).

Il a été de toutes les offensives et partout il a réussi. Général de Division au début de 1915, il a pris le commandement du 33e C.A. (Corps d’Armée –NDLR), après les batailles d’Artois de Mai 1915, en remplacement du Général Pétain. Successivement Commandant d’Armée et de Groupe d’Armées, on l’a vu à Verdun, sur la Somme, en Italie ; il commandait le G.A.R. à l’armistice. Il a été élevé à la dignité de Maréchal de France en 1920, en même temps que les Maréchaux Lyautey & Franchet d’Esperay (Le Maréchal Fayolle vient de mourir, le 27 août 1928 –vu à l’appendice, un extrait d’une étude de M. Georges Lecomte, sur le Maréchal Fayolle, publiée peu de temps après la mort de ce dernier). (NDLR : "La gloire du maréchal Fayolle" / Georges Lecomte, in "La revue de France", 15 octobre 1928)

Le Général Fayolle a passé commandement de la 139e Brigade au Lieutenant-Colonel Grange, du 269e, le plus ancien des Lieutenants-Colonels de la Brigade.

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L
Paru sur L'Echo de la Dordogne le 13 août 2014 sous la plume de Paul Mariuzzo-Raynaud: Un Poilu revit sur la toile. Lien ci-dessous:<br /> <br /> http://www.l-echo.info/article/26276/poilu-revit-sur-toile
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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
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