15 Août 1914
15 Août 1914
Nous occupons une nouvelle position, le col de Civry[1].
Sivry et le col dans le lointain (in https://collection-jfm.fr/p/cpa-france-54-sivry-mairie-et-ecole-143279 )
Pendant la route, alors que nous sommes arrêtés un peu en arrière d’une crête nous cachant le col que nous rejoignons, une fusillade se fait tout à coup entendre. Lointaine, d’abord, elle grossit peu à peu et son crépitement se fait, maintenant, tout proche. Qu’est-ce que cela veut dire ? Allons-nous être attaqués et verrons-nous, enfin, ces introuvables Boches ?
Nous avons soudain l’explication de ce tapage en apercevant un avion ennemi qui vole dans notre direction. Comme il ne faut pas que le régiment soit en retard sur les camarades, le Capitaine Mercier, de la 19e, fait mettre une de nos mitrailleuses en batterie ; mais, c’est de la poudre jetée aux moineaux, l’aéroplane est au moins à 3000 mètres et se moque bien de nos pruneaux qui ne l’incommodent guère. C’est une bonne pièce de 75 qu’il faudrait pour le descendre ; comme pour nous narguer, sa mission sans doute terminée, il décrit une courbe savante au dessus de nos têtes et regagne tranquillement ses lignes.
Foker D VIII, monoplan, avion de chasse allemand (http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fokev.jpg)
[1] Il s’agit en fait du col de Sivry. (NDLR)