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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
2 septembre 2014

2 Septembre 1914

2 Septembre 1914

Nous avons passé une assez bonne nuit dans notre bois. Toutefois, comme on ne nous ravitaille qu’à la faveur de l’obscurité, j’ai dû, vers minuit, assurer les distributions du Régiment. Opération pas très commode à mener à bien dans le noir ; enfin, je m’en suis tiré tout de même.

Je suis en train de me faire aménager un petit gourbi de terre et de branches où je ne serai pas trop mal ; seulement il est bien possible que lorsqu’il sera achevé, nous partirons. Tant pis, d’autres en profiteront.

Les Boches viennent d’éprouver le besoin de nous bombarder copieusement. Pendant une vingtaine de minutes, 66 marmites de 210 nous sont tombées dessus, heureusement sans grand dommage, terrés que nous étions dans nos trous. Le fracas était étourdissant, augmenté encore par l’écho du Bois, et la fumée nous prenait à la gorge. Ma foi, nous avons poussé un soupir de soulagement lorsque la sérénade a été terminée. Je n’ai ni tué ni blessé. Il n’en a pas été de même à la 19e, car Argant, qui arrive, m’annonce qu’il a deux tués dont un sergent que je connaissais très bien (Le Sergent Flach).

sous les marmites Photo Jean Louis Petit http://xn--pass-prsent-futur-de-stphane-ercdq.com/mmoires-de-jean-louis-petit.html

"sous les marmites..." Remerciement à Jean Louis Petit, photo extraite de ses mémoires de guerre, cliquer sur  http://xn--pass-prsent-futur-de-stphane-ercdq.com/mmoires-de-jean-louis-petit.html

Au soir, l’ordre est donné de retourner à Haraucourt. Le chemin est difficile à parcourir car la route est semée de trous d’obus et, à tout instant, ce sont des chutes inattendues et bruyantes. Un des carrefours de cette route est jalonné par le cadavre d’un cheval qui répand une odeur nauséabonde.

Je ne retrouverai pas mon matelas, car je dois occuper avec ma Compagnie, le petit bois de la Forêt, situé à un kilomètre en avant du village.

Je cherche vainement la troupe que je viens relever… elle ne m’a pas attendu. Tant bien que mal, à la furtive lueur d’allumettes et aidé par Chanot[1], je prends possession des tranchées aménagées dans le bois, mais la reconnaissance de ce dernier a été diablement difficile dans ces ténèbres opaques !

La nuit est calme, troublée simplement de temps à autre par un coup de canon ou une fusillade lointaine. A notre gauche, rougeoient les lueurs d’un incendie, c’est Haraucourt qui brûle, incendié par les obus allemands[2].



[1] Le Sergent Chanot est déjà cité les 26 & 27 août par Lucien (NDLR)

[2] Voir photo postée au 26 août 1914 (NDLR)

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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
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