12 Septembre 1914
12 Septembre 1914
Il pleut à torrents ; nous sommes trempés jusqu’aux os et crottés jusqu’au ventre.
Mais, ô surprise, à part le bruit des gouttes de pluie s’écrasant sur le toit de nos abris, on n’entend plus rien, plus de fusillade, plus de canonnade, c’est le calme plat. Je risque un pied et, ensuite, un œil dehors et je constate avec un étonnement grandissant, que les ballons boches ont disparu.
Que signifient ces changements ?
Le Capitaine Durand, que je vais trouver, ne peut m’en dire davantage. En tout cas, il n’est toujours pas question de nous relever et la journée se passe, monotone.
Vers le soir, cependant, un agent de liaison vient me dire que la Compagnie doit partir dans un quart d’heure et rejoindre Buissoncourt[1] où nous cantonnerons cette nuit…
Quelle joie ! Quelle joie ! Les préparatifs sont vivement faits et le rassemblement s’opère avec une rapidité vertigineuse. Nous ne donnons même pas un regard d’adieu à ces trous où nous avons vécu de si mortelles heures et franchissons allègrement quelques centaines de mètres qui nous séparent du village.
Les hommes sont casés en un clin d’œil et je partage une chambre convenable avec mon camarade Cotelle. Comme je vais bien dormir sur mon matelas et quelle jouissance de pouvoir retirer mes chaussures qui n’ont pas quitté mes pieds depuis une semaine !