16 Septembre 1914
16 Septembre 1914
A 10 heures, l’ordre parvient au Capitaine Bérault, d’avoir à tenir son Bataillon prêt à partir pour midi.
J’ai tout juste le temps de faire faire la soupe afin que les hommes puissent la manger avant le départ.
De notre côté, nous houspillons notre maître-queux pour faire que notre déjeuner soit rapidement prêt. Enfin, tout va bien et chacun y met de la bonne volonté. Trois minutes avant l’heure fixée, je vois arriver la compagnie dont j’avais chargé le sergent-major d’assurer le rassemblement ; je le félicite, ainsi que les autres sous-officiers, de cette exactitude, c’est un compliment que je n’ai guère l’occasion de prodiguer, car, bien souvent, la lenteur et le retard des rassemblements me font bien crier. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
Pendant que les hommes ont posé sac à terre et formé les faisceaux, apparaît à cheval notre nouveau Colonel[1], accompagné du Capitaine Bérault. Je me présente à lui avec toute la correction désirable et il me serre très cordialement la main. Je lui présente, ensuite, de Caladon qu’il semblait à peu près ignorer.
L’aspect un peu froid, il a une allure très martiale quoique pas très grand. Mince, la moustache et les cheveux grisonnants, sa figure est énergique et éclairée pas des yeux qui vous regardent bien en face. En résumé, impression plutôt favorable.
En route. Nous dirigeons nos pas sur Lenoncourt où nous retrouvons le 6e Bataillon. Est-ce dans ce pays, déjà connu de nous, que nous allons goûter le repos qui nous est promis, paraît-il ? Le capitaine Bérault, en attendant, me chuchote à l’oreille que, demain matin, pour nous remettre, nous allons faire une manœuvre de brigade… singulière idée !
Nous dirigeons nos pas sur Lenoncourt où nous retouvons le 6e Bataillon...
En tout cas, profitons du présent et mangeons l’excellent pot-au-feu que nous a préparé notre cuisinier et, ensuite, allons dormir dans le non moins excellent lit que m’a trouvé mon fourrier.
[1] Le Lieutenant-Colonel Fernier venait du 237e où il était chef de Bataillon. Il devait être tué quelques semaines plus tard, en Artois, devant La Targette, le 10 octobre. Il laissait 5 enfants. (Note de l’auteur)