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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
2 octobre 2014

2 Octobre 1914

2 Octobre 1914

Cette fois, c’est le départ ; vers sept heures, le régiment se met en marche pour aller occuper les positions qui lui ont été assignées. Nous sortons d’Hénin-Liétard par le chemin que nous avions suivi pour y entrer.

En traversant les corons, les femmes des mineurs, sur le pas de leur porte, offrent du café à nos hommes.

Nous avançons lentement, nous arrêtant à tout instant. De nombreux mouvements de troupes se manifestent dans la campagne ; des silhouettes de cavaliers –cuirassiers aux cuirasses ternies, goumiers aux burnous flottants- se profilent sur les crêtes.

Nous traversons le village de Bois-Bernard dont les habitants, de leur seuil, nous adressent des sourires encourageants.

A peine sortis de cette localité, nous apercevons l’artillerie qui se met en position. Nous déboîtons alors sur le côté gauche de la route et prenons la formation de combat. Je crois que cela va chauffer ! je descends de cheval et, mes sections étant encore groupées, j’en profite pour leur adresser quelques mots afin de relever les courages et maintenir hauts les cœurs[1]. A ce moment, les shrapnels ennemis commencent à voltiger en l’air. Brrrrr…. Nous n’étions plus habitués à cette sinistre musique.

Je crois que nous n’atteindrons pas les positions qu’on nous avait désignées ; les Boches ont pris les devants et nous serons accrochés avant d’y arriver.

Le Capitaine Bérault me dit : « c’est le combat de rencontre ! » Possible, mais il me semble que si, au lieu de nous laisser inactifs toute la journée d’hier, on nous avait dirigés sur ces fameuses positions 24 heures plus tôt, avec ordre d’organiser le terrain, ce ne serait pas nous rencontrerions le Boche, aujourd’hui, mais bien lui qui nous rencontrerait et trouverait à qui parler. Mais, chut ! je ne suis pas grand chef, peut-être y-a-t-il des nécessités de regroupement de grandes unités qui ont empêché de mettre à exécution ce programme simpliste qui me vient à l’esprit.

En attendant, notre chef de Bataillon m’indique que nous devons soutenir l’artillerie que nous avons vu se déployer tout à l’heure. Ma Compagnie étant en tête, je la porte en avant, à l’abri d’un léger talus et à proximité immédiate des pièces. Je vois derrière moi les autres Compagnies du Bataillon dont les sections, couchées dans le chaume, font, de place en place, des taches rouges et bleues.

A droite, les trains de combat de la brigade exécutent un rapide demi-tour pour se mettre à l’abri et une ferme, bâtie sur la route, commence à recevoir des obus. Des femmes sortent en courant des bâtiments de cette dernière et s’enfuient, poursuivies par les plaisanteries poivrées des artilleurs.

Les fusants se font plus nombreux ; à cet instant, survient le Colonel. Il nous dit : « Il faut que vous teniez ici, comme de braves gens que vous êtes, tant que l’artillerie restera ; lorsqu’elle évacuera, à votre tour vous pourrez vous retirer. »

Nos 75 tirent avec furie, mais nous sommes, maintenant, repérés et le bombardement devient intense. Des 77, mêlés de 105, nous arrivent en avalanche. A notre gauche, dans la plaine, un escadron de dragons est pris sous le feu d’une batterie de campagne. Il a fait face en arrière, mais les obus boches, qui le poursuivent littéralement, ne veulent pas le lâcher malgré ses changements de direction et ses conversions[2] exécutées au grand trot, et il a un mal inouï à sortir de leurs gerbes. Il y parvient enfin, mais ça a été dur.

Le Capitaine Bérault, de Caladon et moi, sommes collés au talus quand un shrapnel éclate à 4 ou 5 mètres, exactement au-dessus de notre groupe : « Ça y est ! » s’écrie le Capitaine en portant la main à son cou. Une balle vient de l’atteindre à cet endroit et, une seconde après, une autre lui laboure la fesse. Par un hasard providentiel, je ne suis pas touché, de Caladon non plus.

La canonnade est assourdissante ; je me porte fréquemment d’une extrémité à l’autre de ma Compagnie et constate avec peine qu’un certain nombre de mes braves sont déjà hors de combat. Le tambour, le seul qui me restait, a été atteint d’éclats qui lui ont arraché le pied ; ce dernier n’est plus retenu que par quelques lambeaux de chair et pend affreusement. De loin je le vois passer, assis sur un fusil et porté par deux camarades ; il ne semble pas ému et fume tranquillement une cigarette.

Tout à coup, j’entends un cri derrière moi, en même temps qu’un souffle chaud me frappe dans le dos ; je me retourne et, à 2 mètres, vois l’horrible tableau suivant : un 105 est tombé sans éclater sur Aubertin, ce dernier git sur le dos ; une jambe, décollée en haut de la cuisse, a été projetée à 10 mètres et les entrailles sont largement répandues sur le sol. Le malheureux n’a pas souffert, il a été tué sur le coup. En somme, c’est une belle mort.

Moins favorisés, son camarade Rotholz[3], qui le touchait, a été atteint par le même projectile ; il a les reins à nu et pousse des gémissements déchirants. Il veut me dire adieu et je tente de le persuader qu’il n’est pas gravement blessé et que ça ne sera rien. Cependant, ses yeux sont déjà voilés par les affres de la mort et son agonie est atroce.

Le Capitaine Bérault, accompagné d’un homme que j’ai désigné, se dirige vers le poste de secours. Nous voilà, encore une fois, privés de chef.

La position devient intenable pour tout le monde, fantassins et artilleurs. Ces derniers dégagent le terrain. Une pièce, en franchissant notre talus, se retourne les roues en l’air. Deux servants blessés, assis sur l’avant-train, et que les cahots font horriblement souffrir, se plaignent doucement. Quelques uns de mes soldats, sur mon ordre, se précipitent et aident les canonniers à redresser leur canon.

D’après l’ordre du Colonel, notre présence n’est plus nécessaire ici puisque l’artillerie est partie. J’en fais part à Bertin dont la compagnie est derrière la mienne.

Afin d’assurer la sécurité de notre repli, je lance en avant l’escouade du caporal Fareu. Très bravement, ce dernier part et s’établit à deux ou trois cents mètres pour observer et, au besoin, retarder les mouvements de l’ennemi.

Pendant ce temps, nous nous retirons par échelons, en bon ordre ; les sections manœuvrent comme à l’exercice, sans hâte et avec la plus parfaite précision. Je me plais à le faire remarquer à Bertin, qui est à côté de moi, et mon cœur de chef en est fier car c’est moi qui l’ai faite ce qu’elle est, cette magnifique unité. En outre, j’ai la très grande joie de constater qu’aucun de nos blessés n’a été abandonné. Pendant longtemps, nous sommes poursuivis par le feu de plusieurs mitrailleuses, sans nouveau dommage heureusement, et nous allons nous reformer à l’Est d’Acheville.

10 02 place d'Acheville

La place d’Acheville avant la guerre, in http://www.acheville62.fr/data/commune.htm

Il nous est alors permis de souffler un peu. Ma pauvre Compagnie a été encore bien malmenée ! Un de mes hommes vient me dire que Rotholz, qui avait été si terriblement touché tout à l’heure, a fini de souffrir et est mort dans ses bras ; il me remet le portefeuille et les quelques papiers qu’il a trouvés sur lui.

Au cours du répit qui nous est accordé, je me plonge dans un abîme de réflexions. Devant mes yeux, se dessinent les images chéries de mes fillettes, de ma femme. Toutes les scènes de ma petite enfance et de ma jeunesse reviennent à ma mémoire. Ah ! mon bon Père, que n’es-tu pas là pour voir que ton fils n’a pas oublié tes leçons de patriotisme et qu’il s’est efforcé de ressembler au brave soldat que tu as été il y a 44 ans !

Notre repos n’est pas de longue durée. Vers 6 heures du soir, le Bataillon est désigné pour attaquer Bois-Bernard dont une partie doit être aux mains des Boches. Je reçois l’ordre de prendre position sur la route d’Arleux à Bois-Bernard. Allons, en avant ! secouons nos sombres pensées, l’heure n’est pas à l’abattement et notre tâche n’est pas terminée. Je conduis ma Compagnie à l’endroit indiqué et y déploie mes quatre sections[4].

Au même instant, Bertin tente de s’installer avec la 20e, dans la partie Ouest du village ; mais notre approche a dû être éventée, les ennemis, qui tiennent l’autre extrémité de Bois-Bernard, nous le font en effet savoir en exécutant des feux de salve heureusement assez ma     l ajustés et qui ne nous font pas encore grand mal. Nous sommes, néanmoins, arrêtés sur place et les Boches sont certainement plus nombreux que nous. Voyant cela, le Capitaine Durand, qui a remplacé son camarade Bérault, fait appuyer l’attaque par la 17e qui était en réserve. Sans hésiter, Cotelle s’engage dans le village. Comme il passe à ma portée, je lui crie : « Sois prudent, ne t’expose pas inutilement ! -T’en fais pas, vieux ! » me répond-il.

10 02 Jean Droit Derrière le talus de Bois-Bernard dessin inachevé coll

Jean Droit, "Derrière le talus de Bois-Bernard, 2 octobre 1914" (Dessin inachevé). Le sergent Jean Droit fut blessé au bras et à la main gauche au cours d'un assaut à Bois-Bernard, ce même 2 octobre. Avec l'aimable autorisation de Monsieur Jean-Pierre Destrebecq, possesseur de cette oeuvre et auteur d'un mémoire sur Jean Droit (Ecole Normale, 1966)

La nuit est complètement venue, nous n’avons rien mangé depuis hier, mais nous n’y pensons pas. A cet instant, le tableau qu’éclaire l’incendie de deux immenses meules de blé, est vraiment tragique. La cloche de l’église, je ne sais par quel miracle, sonne à toute volée un tocsin lugubre ; la fusillade fait rage et les balles sifflent de tous côtés. Le tac-tac d’une mitrailleuse se fait entendre dans la direction de Rouvroy, derrière nous et à gauche. C’est affolant, on ne sait même plus de quel côté il faut faire face !

A 100 mètres en avant, des commandements gutturaux sont proférés dans une langue barbare. « Feuer ! Feuer[5] ! » répète sans arrêt la voix d’un officier boche. Dans le village, on se fusille d’une maison à l’autre et les pauvres habitants, souriants ce matin, sont terrés au fond de leur demeure, en proie à la plus grande terreur et croyant leur dernière heure venue.

Ce cauchemar dure toute la nuit ! au jour naissant, la lutte est devenue trop inégale, nous ne tenons qu’en nous accrochant au sol. Alors surgit la Tour du Pin, qui nous apporte l’ordre de nous replier[6].

Le mouvement s’exécute sans hâte et avec suffisamment de régularité. Il est couvert par une Compagnie du 6 e Bataillon commandée par le Capitaine Louis (ce dernier était passé au Conseil de Guerre, 15 jours avant la mobilisation, pour avoir tué sa femme qui le trompait, et avait été acquitté. Ce fait m’avait été rapporté par le Capitaine Dard ; cité comme témoin à décharge, il avait assisté aux débats du procès) et le sous-Lieutenant Misoffe[7], qui appartenait à cette unité, me crie, au passage, quelque chose que je n’entends pas. Les Boches ne semblent pas avoir la moindre envie de nous suivre, mais, comme dans la matinée précédente, le tir de leurs diaboliques mitrailleuses nous accompagne. Ah ! qui a inventé ces infernales machines. Nous qui n’en avons qu’une contre dix ou quinze à leur opposer !

Le pire, c’est qu’un bon nombre des nôtres sont encore restés sur le terrain, et, le cœur navré, je suis obligé d’abandonner les plus atteints.

Nous rallions Acheville où est installé un poste de secours. J’y apprends de la bouche du Dr Hanns, que mes deux excellents camarades Bertin[8] et Cotelle[9] ont été tués au cours de cette affaire. Le corps du premier est déposé à l’Ecole d’Acheville ; quant à celui de Cotelle, il a dû rester entre les mains de l’ennemi.

Il est donc écrit que mes camarades les plus chers, ceux avec lesquels j’avais conçu le projet de rester ami toute la vie par les liens de la plus profonde amitié, tomberont tous autour de moi, tandis que moi je suis encore là sans la moindre égratignure ! Quelle fatalité et combien est aveugle la Mort ! Ma peine est infinie et mes yeux se remplissent de larmes[10].

On nous fait, d’ailleurs, évacuer le village en vitesse et je n’ai même pas le temps de dire un dernier adieu à la dépouille du pauvre Bertin[11].

10 02 Lieutenant Bertin Tableau d'Honneur Morts pour la France

Inscription de Jacques BERTIN au Tableau d'Honneur Morts pour la France

A la sortie d’Acheville, un de mes concitoyens de Clichy, brancardier au 44e Bataillon de Chasseurs, que j’ai déjà rencontré dans le bois de Crévic, m’offre un quart de café chaud ; j’accepte volontiers, cela me fait un peu de bien. Je me raidis de toute la force de ma volonté et parviens à refouler mon émotion.[12]



[1] Plus tard, quelques-uns de mes hommes qu’il m’a été donné de revoir, m’ont dit que ce jour-là –ainsi que le jour où nous avions quitté la Lorraine, à Saulxures- j’avais su trouver dans mon cœur de soldat et de chef, des mots et des accents qui avaient enflammé en eux, à un point extrême, leur foi patriotique et leur sentiment du devoir. Notre communauté de pensées et d’espoir était telle, m’ont-ils affirmé, que j’aurais pu leur demander n’importe quel sacrifice, ils l’auraient accompli et m’auraient suivi partout. Ils l’ont prouvé, d’ailleurs !

[2] Conversion : en termes d'Art militaire, changement de front, manœuvre par laquelle un corps de troupes se déplace de manière à faire face à un côté différent de celui qu'il regardait d'abord. (NDLR)

[3] Dans la liste des soldats français morts dans le Pas-de-Calais (https://storage.canalblog.com/07/70/255103/90592134.pdf ): Rotholz, Léon, soldat de 2e classe au 226e R.I., tué le 2 octobre 1914 à Bois-Bernard (NDLR)

[4] En m’installant sur la route en question, j’ai pu apercevoir de l’autre côté du village, par une échappée, une troupe de cavalerie ennemie qui exécutait, au galop, une conversion savante. Vision tout à fait fugitive car le jour tombant, elle s’est trouvée effacée au bout de quelques secondes, par le crépuscule. C’est la seule fois qu’il me soit arrivé d’entrevoir des cavaliers boches. (Note de l’auteur)

[5] « Feu ! Feu ! » (Note de l’auteur)

[6] Par la suite, j’ai appris que la Tour du Pin, ne voulant pas se retirer du lieu de combat sans en emporter un trophée, avait pénétré dans une partie du village où l’on se battait encore violemment, s’était emparé d’un casque boche … mais avait payé ce petit acte de fanfaronnade d’une balle dans le pied. (Note de l’auteur)

[7] Jeune avocat à la Cour d’Appel de Paris, en temps de paix, Misoffe (Michel) était sous-Lieutenant à la mobilisation. Promu Lieutenant 2 mois ½ ou 3 mois après, il était nommé Capitaine après les offensives d’Artois au cours desquelles il s’était particulièrement distingué. Détaché pendant quelque temps à l’Etat-Major de la Division, il était, ensuite, affecté au 42e Bataillon de Chasseurs comme adjudant-major. Fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1917 à la suite d’une blessure, il a reçu la rosette après la démobilisation en 1919 ou 20 (Commandant Fayolle).

Elu Conseiller  Municipal du quartier des Champs-Elysées en novembre 1919, Secrétaire et ensuite Vice-Président de cette assemblée, il vient d’être élu député du 1er Secteur de Paris, le 11 mai 1924 –non réélu aux élections de 1928, il vient également d’échouer aux élections municipales de 1929 – quartier des Ternes- (Note de l’auteur)

[8] Jacques Bertin appartenait à une famille très fortunée. C’était un garçon de la valeur morale la plus élevée en même temps que le plus charmant des camarades. Au moment de la mobilisation, il était en congé de trois mois après un stage volontaire d’un an que, comme officier de réserve, il avait effectué au Maroc, dans un régiment de Tirailleurs. A plusieurs reprises, je l’avais vu recevoir des petits colis contenant du linge, chaussettes, sous-vêtements ou autres, pipes, etc. Ces colis lui étaient adressés par sa mère pour qu’il les distribue à ses hommes et je ne pouvais m’empêcher d’admirer cette femme, que je ne connaissais pas à l’époque, et qui, faisant taire l’angoisse que lui causaient les dangers courus par son fils, pensait à lui donner l’occasion de faire un peu de bien autour de lui. Par la suite, il m’a été donné de pouvoir faire sa connaissance. Le chagrin que lui avait causé la mort de son fils (elle avait, en outre, récemment perdu son mari et son frère) était de ceux qui ne se consolent jamais. Elle vint plusieurs fois à mon chevet de blessé et me disait : « Pourvu que le sacrifice immense que j’ai fait à notre chère Patrie soit utile à celle-ci… » Les années qui suivirent, je ne manquais jamais, de mon côté, de lui rendre visite de temps à autre. Elle aussi, vivait dans l’espoir unique de retrouver le corps de son enfant. Après l’évacuation ennemie, cet espoir n’a pu se réaliser car les indications très vagues qu’elle possédait sur une sépulture possible, n’ont permis de rien retrouver. Je l’ai vue pour la dernière fois, au moment de ma démobilisation ; elle rentrait d’un voyage en Artois où elle s’était épuisée en infructueuses recherches au milieu des ruines des villages qui avaient été le théâtre de nos luttes. On pouvait se demander, en la voyant si frêle, comment elle trouvait l’énergie nécessaire pour supporter cette nouvelle épreuve ; un bien faible souffle de vie semblait encore l’animer et elle s’éteignait, d’ailleurs, peu de temps après, en 1920 ou 1921, je crois. (Note de l’auteur)

Jacques, Marcel Bertin avait 35 ans au moment de sa mort (in Tableau d’Honneur des Morts de la Guerre). Il était donc né en 1879. NDLR

[9] Sur Cotelle, voici ce qui a déjà été dit : en dédicace aux mémoires du Capitaine, puis le 3 septembre, et enfin, le 27 septembre. (NDLR)

[10] Au cours de cette funeste journée, le Régiment avait également perdu un officier de haute valeur intellectuelle et morale, le Lieutenant Jacques Rambaud, fils de l’historien, ancien ministre de l’Instruction publique, et historien lui-même, tué au milieu de sa compagnie en défendant notre sol pied à pied. Déjà blessé le 25 août, il avait refusé de se laisser évacuer. En mars 1919, à mon retour, il m’avait été donné de pouvoir faire une visite à sa pauvre vieille mère qui, à cette époque, conservait elle aussi l’espoir bien chimérique, de retrouver le corps de son fils bien-aimé. Elle est morte peu de temps après ma visite. (Note de l’auteur)

C’est l’ordre donné par le Colonel qu’a suivi à la lettre Jacques, Marie, Albert RAMBAUD, décoré à titre posthume (palme), professeur à l'Université de Bordeaux, lieutenant au 226e Régiment d'Infanterie, tombé le 2 octobre 1914, à Bois-Bernard (Pas-de-Calais . Voici sa citation : « ayant reçu l'ordre de tenir jusqu'au bout dans un bois, n'a cessé de donner à sa troupe le plus bel exemple de courage et d'énergie, et s'est fait tuer sur place plutôt que de céder du terrain. » Il était né le 9 décembre 1878. (Tableau d’Honneur des Morts de la Guerre) NDLR

[11] Ceci explique les vaines recherches de la maman de Jacques Bertin : Acheville va être pris par les Allemands alors que la dépouille de son fils y est demeurée. (NDLR)

[12] Pour cet épisode parmi les plus tragiques, voici ce que dit L’Historique du 226e R.I. (page 5) : Le 28 septembre, la 70e Division embarquait en chemin de fer à Nancy et se rendait dans les plaines de Douai. Parti d’Hénin-Liétard où il s’était rassemblé, le 226e prenait part à la manœuvre audacieuse qui, par une attaque de flanc, devait dégager Arras menacé d’encerclement.

La division, engagée près d’Acheville contre des forces supérieures, fit front à travers les falaises de Vimy et dut venir chercher la liaison sur les positions de Mont-Saint-Eloi et de Villers-au-Bois. Par son âpreté à défendre le terrain pied à pied, elle permit le débarquement de quelques unités anglaises et du 21e corps à sa gauche, tandis que la division marocaine prenait position à sa droite. Alors, solidement épaulée, elle opérait, du 8 au 10 octobre, un retour offensif sur La Targette où la ligne fut stabilisée. Ces durs combats coûtèrent la vie au lieutenant-colonel FERNIER, qui avait remplacé le lieutenant-colonel HOFF à la tête du régiment ; la garde d’honneur périt toute entière et le drapeau demeura mutilé et sanglant.

C’est ce que nous verrons dans les jours suivants…. (NDLR)

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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
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