3 Juin 1918
3 Juin 1918
En raison des événements, le travail ne manque pas en ce moment, dans notre service, on doit s’en douter, et, depuis 8 ou 10 jours, il ne m’est pas arrivé un seul soir, de pouvoir me coucher avant minuit…
Non seulement les Boches ne veulent pas nous laisser profiter de nos permissions, mais ils nous obligent à poursuivre, sans la plus petite interruption, notre obscure tâche, si ingrate et si peu glorieuse. Ah ! si seulement je pouvais encore prendre une part active à la bataille ! Mais je dois me contenter d’accompagner les combattants des vœux ardents que forme mon cœur qui saigne toujours plus à chaque nouveau lambeau de notre sol arraché par nos ennemis.
Ma pauvre petite ville natale –Abbeville- est, à l’heure actuelle, bien abimée par les bombardements par avions. Placée sur la grande ligne de Paris à Calais, elle reçoit presque chaque nuit la visite de ces ciseaux de mort qui déversent sur elle des tonnes d’explosifs. Que cela est donc triste !
Des cartes postales de la ville natale de Lucien Proutaux qu'il a envoyées à sa future belle-famille avant 1914 (coll.pers)
Je viens d’apprendre que le Colonel Biesse[1] a été tout récemment promu Général de Brigade à titre temporaire et placé à la tête d’une division d’Infanterie. Cette nouvelle m’a fait plaisir et je vais, sans tarder, envoyer mes félicitations à mon premier chef de guerre.