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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
31 août 2018

31 Août 1918

31 Août 1918

Le ciel est gris et semble vouloir se mettre à la pluie ! Ce serait désolant car, comme nous allons bientôt entrer en automne, le temps pourrait bien rester mauvais jusqu’à l’approche de l’hiver et alors, les opérations qui ont pris une si magnifique tournure pour nous, risqueraient de s’en trouver entravées, sinon tout à fait arrêtées. Aussi, faisons-nous les vœux les plus ardents pour que le soleil reparaisse.

La D.T.M.A.[1] est encore une fois récompensée de ses bons services… en la personne de son chef qui vient de recevoir la rosette.

Le Colonel Fiorenzoli, notre camarade italien, a reçu, à peu près en même temps, la croix de chevalier de la Légion d’Honneur et, par suite de je ne sais quelle aberration ou quelle erreur des services de chancellerie, cette décoration a été accompagnée de la Croix de Guerre[2] !

Tout le monde se demande pour quel motif l’attribution de cette croix de guerre qui ne doit se donner qu’en récompense de risques et de dangers courus et je ne sache pas que ce brave colonel qui, d’ailleurs, est l’homme le plus aimable et le plus sociable que l’on puisse trouver, ait couru beaucoup de danger depuis qu’il est détaché auprès de la D.T.M.A. Il est du reste à peu près confirmé qu’il s’agit bien d’une erreur sur laquelle on a jugé inutile de revenir.

La grippe continue à sévir et fait des victimes. Un officier de la D.A.[3], le Capitaine Lefebvre, du Génie, vient d’être enlevé après quelques jours de maladie. Il y a de nombreux cas parmi le personnel.

1918 08 31 grippe espagnole

Les réactions en France vis-à-vis de la grippe espagnole (In http://sgel28.over-blog.com/2017/12/la-france-face-a-la-grippe-espagnole.html Société Généalogique d’Eure-et-Loir)



[1] D.T.M.A. : Direction des Transports Militaires aux Armées (NDLR)

[2]  Le Lieutenant-colonel Fiorenzoli, avec lequel je corresponds toujours, m’a adressé, en janvier 1927, une lettre dont j’extrais le passage suivant : « Lorsque j’étais à Provins, au mois d’août, je dus aller en Argonne en conséquence d’un télégramme que j’avais reçu du commandement du IIe Corps d’armée italien, pour recevoir des décorations françaises. Sur la plaine de Futeau, je fus décoré, par le Président de la République Française, M. Poincaré, de la Croix de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre avec palme. Je suis sûr que vous aussi vous rappellerez, quand je suis rentré à la D.T.M.A. avec mes deux décorations desquelles j’étais très fier ! Eh bien ! de la Légion d’Honneur, on m’a donné le brevet, de la Croix de Guerre, non !  J’ai cherché de l’avoir, mais on m’a répondu qu’on ne trouvait rien au Ministère de la Guerre. Je me rappelle bien que ce jour-là,  à Futeau, il y avait un officier français qui avait un papier dans lequel il était écrit les noms des officiers italiens décorés et les décorations, mais qui était cet officier ? Puisque le Président de la République m’a donné de sa propre main une décoration, je pense qu’on ne peut pas la reprendre, car si on ne donne pas un brevet, c’est la même chose que reprendre la décoration. Je voulais pour ça demander au Général Boquet et au Colonel Lefort, une déclaration dans laquelle il fut précisé que j’avais reçu ces décorations et alors probablement le Ministère de la Guerre français pourrait me donner le brevet. Qu’est-ce que vous en dites ? N’ai-je pas raison ? Je porte toujours ici ces deux belles décorations françaises, mais, en effet, d’une d’elles, de la Croix de Guerre, je n’ai pas le brevet. » Les lignes ci-dessus confirment tout à fait l’hypothèse d’une erreur commise lorsque l’on a remis à ce brave colonel, en même temps que sa Légion d’Honneur, une croix de Guerre qui ne lui était pas destinée. Pour le rassurer et calmer autant que possible ses scrupules, je lui ai répondu en lui affirmant, ce qui d’ailleurs est la vérité, que la croix de Guerre ne comporte pas l’attribution d’un brevet, mais que ce dernier document se trouve remplacé par l’extrait des citations donnant droit à cet insigne. Par exemple, pour lui, je suis bien certain que la citation, dont l’extrait lui serait nécessaire, n’a jamais existé. (Note de l’auteur)

Je retrouve trace du passage du président Poincaré à Futeau le 26 août 1918 : « Retirées provisoirement du front et transportées dans le camp d’Arcis-sur-Aube, les troupes italiennes reconstituèrent leurs unités avec le renfort de 4 000 soldats arrivés d’Italie et de 2 000 autres prélevés sur les T.A.I.F. Comme la fois précédente, il fut décidé d’envoyer dans un premier temps le corps d’armée dans un secteur calme, l’Argonne, afin de parfaire l’amalgame entre les anciens et les nouveaux soldats. Le corps d’armée y arriva entre le 11 et le 15 août 1918. Le 26 août, à Futeau (Meuse), il reçut la visite du président Poincaré qui consigna personnellement les décorations au drapeau du 89e régiment d’infanterie et tint un discours en italien. » (in Les troupes italiennes en France durant la première guerre mondiale : entre commémoration et oubli, http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_52/Tome_052_page_237.pdf ) NDLR

[3] D.A. : Direction de l’Arrière. (NDLR)

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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
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