12 Février 1919

12 Février 1918

Quelle joie de pouvoir arborer mon ruban rouge et, ce qui ajoute à mon bonheur, c’est de constater que ma décoration semble avoir fait plaisir à tous les camarades qui m’entourent, principalement à ceux que j’estime le plus.

Télégramme adressé par Lucien à Julie, son épouse "Suis décoré!" 12 février 1919 (Coll. pers.)

Et cependant, c’est avec un peu de mélancolie que je pense à ceux auxquels je dois réellement cette croix, à mes braves de la 18^e[1]… Combien n’aurais-je pas été encore plus fier d’être décoré au milieu d’eux et, à ce sujet, me revient sans cesse à l’esprit un passage des « Mémoires du Général Comte de Ségur », passage que je ne puis m’empêcher de transcrire ici :

  La campagne de Russie, par le Général Comte Philippe-Paul de Ségur (1780-1873),  récit dédié à ses compagnons d'armes, publié en 1825.

« Il fut magnifique dans ses récompenses (Napoléon) ……………… ………………….. ses bienfaits furent grands en eux-mêmes et par leur forme. Il ajouta au don par la manière de donner. On le vit successivement s’entourer de chaque Régiment comme d’une famille. Là, il interpellait à haute voix les officiers, les sous-officiers, les soldats, demandant les plus braves entre tous ces braves, ou les plus heureux, et les récompensait aussitôt. Les officiers désignaient, les soldats confirmèrent, l’Empereur approuva. Ainsi, comme il l’a dit lui-même, les choix furent faits dur le champ, en cercle, devant lui, et consacrés avec acclamation par les troupes.

Ces manières paternelles, qui faisaient du simple soldat, le Compagnon de guerre du Maître de l’Europe ; ces formes qui reproduisaient les usages toujours regrettés de la République, les transportèrent ! C’était un monarque, mais c’était celui de la Révolution, et ils aimaient un souverain parvenu qui faisait parvenir : en lui, tout excitait, rien ne reprochait. » (La Campagne de Russie –Combat de Valoutina- août 1812)

L'infanterie française à la bataille de Valoutina Gora, par Christian Wilhelm von Faber du Faur

Ah ! que celui-là savait bien récompenser et que cette manière ressemblait peu à celles employées de nos jours. Il est vrai que les circonstances n’étaient pas non plus les mêmes.

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[1] Rappelons que le Lieutenant Proutaux commandait la 18^e Compagnie au sein de 226^e Régiment d’Infanterie. NDLR