17 Août 1914

17 Août 1914

Enfin, on m’a remis des lettres, mais datées des 2 & 3 Août, c'est-à-dire vieilles de deux semaines ! Néanmoins, leur arrivée me fait chaud au cœur, car elles m’apportent l’assurance que les êtres qui me sont chers, ne m’oublient pas et me suivent, par la pensée, dans mes durs labeurs guerriers.

Le temps est décidément détraqué ; il ne cesse de pleuvoir et nous sommes ignobles à regarder. Je voudrais bien cependant pouvoir me déchausser, voilà plus de cinq jours que je me suis offert ce luxe ! Ma nuit n’a, toutefois, pas été trop mauvaise ; je l’ai passée dans un bout de tranchée sur laquelle j’avais fait aménager un toit de branches et de terre. Au réveil, pour chasser l’humidité, mon sergent-major m’apporte la ration d’eau-de-vie à laquelle nous donne droit notre séjour aux tranchées. Ce n’est pas de la fine trois étoiles, mais ça fait du bien tout de même.

Je crois bien que nous allons encore croupir dans nos trous toute la journée. Vite, que le soleil reparaisse, au moins !

 La vie dans les tranchées (http://tnhistoirexx.tableau-noir.net/pages12/tranchee02.html)[1]

Image extraite du Centenaire de 14-18, une effroyable boucherie, http://www.1418effroyableboucherie.fr/chrono.php?Annee=1914&Annee_fin=1914&page=6 

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[1] Un lecteur, Ludovic C., m’a judicieusement fait remarquer que la photo illustrant le propos de Lucien montre des uniformes de 1915, avec « le fameux casque Adrian ». Je l’en remercie chaleureusement. Je laisse néanmoins le cliché que je trouve très parlant mais je rajoute une autre image montrant les uniformes en 1914.

Comments

[Le Capitaine]

oui effectivement, cette photo est postérieure à l'automne 1914, pour plusieurs raisons. Je l'ai reconnu dans mes commentaires mais l'ai gardée pour illustrer les propos du Capitaine...

[gabolem]

Ludovic avait évidemment raison. Mais je crois aussi qu'il n'y eut pas de tranchées sur le Grand-Couronné en août 1914, car les batailles qui y eurent lieu en août furent des batailles de mouvement. Les "tranchées" d'alors se réduisaient au creusement de toute petites tranchées, des rigoles en fait, précédées de talus derrière lesquels les soldats essayaient de se cacher de l'ennemi. La photo de 1915, ou d'après, montre de vraies tranchées qui n'apparurent qu'à l'automne 1914, lorsque le front commença à se stabiliser.