Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
16 juin 2018

16 Juin 1918

16 Juin 1918

Les Boches ont été sur Paris la nuit dernière et ont laissé tomber quelques bombes. On n’a pas de renseignements sur les dégâts qu’ils ont pu commettre. En revanche, il paraît que les Boches ne tirent plus.

Ici, la vie reprend, calme et monotone comme devant. A dater du 21, les permissions cesseront d’être suspendues ; aussi les visages sont-ils rassérénés et, à la popote, les histoires de l’X et de l’Ecole de Guerre et les questions d’avancement sont revenus à l’ordre du jour.

Tous nos officiers d’Etat-Major sont, sans exception, des officiers remarquables, travailleurs, consciencieux et esclaves du devoir et, en ce qui concerne notre service particulier, dans lequel ils sont spécialisés, ils se montrent réellement à la hauteur de leurs fonctions ; mais, comme tous leurs pareils, par certains côtés, ils ont un peu conservé une mentalité d’écolier. C’est ainsi que depuis plusieurs mois, le Colonel Boquet s’est mis dans l’idée d’avoir un cheval et de faire, flanqué d’un ou deux de ses collaborateurs, de matinales promenades à cheval dans la campagne. Il a donc fallu que je fasse démarche sur démarche auprès du commandement pour obtenir la monture tant désirée et, à chaque fois, on me demandait anxieusement le résultat des pourparlers ; ceux-ci viennent enfin d’aboutir et, depuis que les choses sont au calme, les promenades projetées ont commencé mais je suis bien persuadé qu’elles ne tarderont pas à s’espacer et que dans peu de semaines, peut-être même peu de jours, elles cesseront tout à fait et le beau cheval que j’ai eu tant de peine à obtenir, sera délaissé et abandonné à l’ordonnance, comme un jouet qui a cessé de plaire…

Le Lieutenant-colonel Chaudoye[1], commandant le 5e Génie, -brave homme mais personnage un peu terne- qui avait été promu colonel aux promotions d’avril dernier, nous a quittés, il y a environ un mois, pour aller prendre le commandement du Génie d’un Corps d’Armée. On se souvient que, étant le plus ancien lieutenant-colonel, c’était lui qui présidait notre popote. Ce départ a été accueilli avec une certaine satisfaction par nos grands chefs, car, depuis qu’il avait obtenu son cinquième galon d’or, la situation du Colonel Chaudoye était devenue un peu délicate, voire même difficile, à la D.T.M.A, le chef de celle-ci n’étant toujours que Lieutenant-colonel.

                1918 06 16 chaudoye Est Républicain 27 12 1927                              1918 06 16 Chaudoye à Polytechnique (1886)

à gauche: Extrait de L’Est Républicain du 27 décembre 1927. Henri Jean Baptiste CHAUDOYE (1867-1928), Polytechnicien, Général de Brigade (1923), Directeur du Génie à Paris ; Commandeur de la LH (23/12/1927) (in  http://www.bibliotheque.polytechnique.fr/Aleph/040-Chaudoye-X-1886.jpg )

à droite: Portrait d’Henri Chaudoye en 1886, élève de Polytechnique (in https://bibli-aleph.polytechnique.fr/exlibris/aleph/a23_1/apache_media/R37JMEY66YHG9FCB67AACJ69XFPBI5.jpg )

Son successeur, au commandement du Régiment des Sapeurs de chemin de fer[2], est le Lieutenant-colonel Bachellery[3], récemment promu, qui était déjà à la tête d’un groupe de Compagnies de ce régiment.

1918 06 16 évasion du Capitaine Lux

L’évasion du Capitaine Lux rappelée dans la note de bas de page   (in http://cent.ans.free.fr/pj1912/pj110414011912.htm )

 

1918 06 16 Bachellery élève de Polytechnique       1918 06 16 général de brigade Bachellery

à gauche: Félix Henri Fortuné Bachellery (1872-1947), élève de Polytechnique (in https://bibli-aleph.polytechnique.fr/exlibris/aleph/a23_1/apache_media/1ICSIRF2DAKTGJKG6FFVY6L91TN88M.jpg )

à droite: Le même devenu général de Brigade (in http://museedesetoiles.fr/piece/general-brigade-bachellery/ )



[1] Promu général de brigade après la Guerre, le Colonel Chaudoye, après différents emplois, était directeur du Génie à Paris quand il a été atteint par le limite d’âge le 29 juin 1927. Décédé en juin 1928. (note de l’auteur)

[2] Une des unités du 5e Génie est commandée par le Capitaine Lux, qui a eu son heure de célébrité un an ou deux avant la guerre. C’est exactement dans la nuit du 27 au 28 décembre 1912 que le Capitaine Lux qui, arrêté à Friedrichshafen par les autorités allemandes sous l’inculpation d’espionnage, avait été condamné à 6 ans de forteresse par la Cour Suprême de Leipzig, s’évada de la prison de Glatz. On pourra se souvenir, en effet, que, arrêté en Allemagne sous l’inculpation d’espionnage –cette inculpation était-elle fondée ou ne l’était-elle pas, je n’en sais rien- il avait réussi à s’évader de la forteresse dans laquelle on l’avait enfermé, et à regagner la France ; cette affaire avait fait assez de bruit à l’époque. Chose curieuse, cet officier a une très mauvaise presse ici et il est à remarquer qu’il ne possède toujours que le grade qu’il avait au moment de son aventure ; il lui est impossible de décrocher son quatrième galon et, en outre, on ne veut absolument pas le laisser partir aux Sapeurs-Mineurs, malgré les demandes réitérées qui sont invariablement transmises avec avis défavorable. En 1932, le Capitaine Lux, qui a quitté l’armée, est ingénieur principal à la Compagnie de l’Est et chef de Bataillon de Réserve du Génie. Le 1er janvier 1935, il vient d’être promu Officier de la Légion d’Honneur.

[3] Colonel depuis plusieurs années, le Colonel Bachellery, après avoir occupé différents postes, vient d’être, en juillet 1927, nommé commandant du Génie de la 6e Région à Metz. C’est un homme de valeur en même temps qu’un officier au caractère très loyal et très droit. Le 19 septembre 1927, il est promu au grade de général de Brigade et conserve son emploi à Metz. (note de l’auteur)

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Merci pour votre commentaire. Je vous réponds en message privé
Répondre
G
bonjour et meilleur vœux à tous<br /> <br /> je suis très intéressé par toute informations sur le colonel Henri CHAUDOYE, <br /> <br /> c'est mon grand père maternel.<br /> <br /> si des personnes ont plus d'info à son sujet je suis preneur.<br /> <br /> cordialement
Répondre
Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 78 531
Publicité