5 Décembre 1918
5 Décembre 1918
Plus heureux que nous, nos anciens camarades du G.Q.G. Pétain ont abandonné Provins pour Metz. J’envie bien leur sort et mes regrets d’avoir quitté cette formation n’en sont que plus grands, non seulement pour cette raison, mais aussi pour toutes les commodités que l’on y rencontrait et qui manquent radicalement ici.
Quant à nous, c’est toujours, jusqu’à nouvel ordre, Luxembourg qui doit nous recevoir. Il y a quelques jours, mon camarade Haller, qui remplit à la D.G.C.R.A.[1] les fonctions que je remplis à la D.T.M.A.[2] est venu me trouver accompagné du Lieutenant Marindas, chargé des autos, pour me demander si je serais disposé à me joindre à eux pour aller à Luxembourg afin de reconnaître et répartir le cantonnement. Avant de répondre définitivement, j’ai tenu à en référer au Colonel Lefort qui m’a laissé libre d’effectuer moi-même ce déplacement ou de me faire remplacer par un sous-officier. Ma présence là-bas ne me semblant pas absolument indispensable, et pensant que peut-être, je m’exposerais à une grosse fatigue sans utilité réelle –sait-on jamais ce que l’avenir nous réserve ?- je me suis décidé à déléguer le Maréchal-des-logis Wilhelm en mon lieu et place. Il vient de rentrer de sa mission et de me rendre compte de celle-ci. D’après ce qu’il m’a dit, tous les services sont à peu près logés et nous ne serions pas trop mal, mais il paraît que la vie est horriblement chère dans cette petite capitale et que le ravitaillement n’y est pas encore merveilleux. Mais est-il bien sûr que nous y allions… ?
Un de nos télégraphistes, Bonnefous, arrive également de Luxembourg où il est resté plusieurs jours pour préparer nos installations téléphoniques et il nous a confirmé qu’il fallait nous attendre à dépenser beaucoup plus là-bas qu’ici ; une chose qui semble l’avoir frappé d’une façon tout à fait particulière, c’est la taille démesurée, d’après ses dires, des pieds des Luxembourgeois !
Je n’ai trouvé nulle information sur la taille démesurée des pieds des Luxembourgeois… Peut-être que le télégraphiste Bonnefous avait été impressionné par la statue de Berthe aux grands pieds, qui trône au jardin du Luxembourg, à Paris ! (NDLR)