2 Août 1914

2 Août 1914.

Arrivée en gare de Toul, vers 11h1/2. Mon régiment, le 226^e, se mobilise à Pierre-la-Treiche[1] ; plus de train pour cette localité avant ce soir…. Que faire ? Tant pis, je ne puis me résigner à attendre et m’engage bravement sur la route, ma cantine à la main et mon manteau sur l’épaule. Le soleil darde ses rayons ardents ; qu’il fait donc chaud ! Et dire que j’ai 7 kilomètres à parcourir ainsi ! Où sont les braves gens d’hier soir qui se disputaient mes bagages ? Ma cantine commence à devenir diablement lourde…

Heureusement, je rencontre deux réservistes qui, gentiment, me viennent en aide. J’ai l’estomac bien vide, aussi, n’ayant rien mangé depuis hier soir. Sur le chemin, nous rencontrons un cabaret ; nous en profitons pour nous reposer un peu, nous rafraîchir et nous restaurer légèrement. Nous nous remettons, ensuite, en route, et, vers une heure, nous faisons notre entrée à Pierre-la-Treiche[2].

Me voici en présence du Colonel Hoff[3] qui m’accueille par de chaudes paroles et, comme j’arrive de Paris, me demande déjà des tuyaux… Hélas ! je n’en apporte aucun et j’ai terriblement faim ! Je fais la connaissance de l’excellent Capitaine Dard, mon Commandant de Compagnie, ainsi que du Sous-lieutenant Argant, mon camarade de combat. Cette première prise de contact avec mes futurs compagnons d’armes, me produit la meilleure impression. Nos hommes ne sont pas encore arrivés, par conséquent, pas grand-chose à faire aujourd’hui. Une visite aux différents cantonnements de la 18^e Compagnie, une poignée de main aux sous-officiers du cadre actif qui seront de précieux auxiliaires pour nous pendant la Campagne et, après un frugal diner, au lit pour goûter un repos bien gagné.

tiré de La Guerre de 1914-15 documentée, par le Lieutenant-Colonel Lemarchand - N°1, librairie Schwarz & Cie (coll. pers.)

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[1] Village de Meurthe-et-Moselle, en Lorraine. 500 habitants en 2011. (NDLR)

[2] Pour voir Pierre-la-Treiche du ciel, consulter : http://www.survoldefrance.fr/affichage2.php?&departement=Meurthe-et-Moselle+%2854%29&f=48&img=36819&prev_suiv_link=1 (NDLR)

[3] Le Lieutenant-Colonel Hoff, breveté d’Etat-Major, commandait le 226^e au début de la Campagne ; une première fois blessé le 26 Août 1914 à Courbessaux, il garda le commandement de son régiment. Deux ou trois semaines plus tard, il était appelé à la tête du 153^e et était, de nouveau, blessé, grièvement, en Décembre 1914. Retenu à l’arrière par la gravité de sa blessure, il était promu Colonel et affecté à différents emplois. Enfin, Général de Brigade un certain temps après l’armistice, commandant la place de Strasbourg, lorsqu’il est décédé dans les premiers mois de l’année1924 (note de l’auteur).