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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
1 août 2014

1ère Partie - Le Départ – La Lorraine – Le Grand Couronné – L’Artois – La Course à la Mer. 1er août 1904

1er Août 1914.

La Mobilisation est affichée ![1]

Malgré que l’événement était attendu d’heure en heure, la chose me paraît encore tellement énorme qu’il faut que je sorte pour voir moi-même la petite affiche blanche…

1914 08 01 Déclaration

 C’est bien exact ! En hâte, je serre la main des collègues, des camarades, du patron, et en route pour la maison afin de boucler ma cantine. Le cœur est bien un peu angoissé, mais enfin, j’ai l’esprit libre en ce qui concerne ma femme et mes fillettes ; elles sont toutes trois, maintenant, en Saintonge, ayant eu la précaution, hier, de les embarquer pour cette paisible région.

Le voilà donc arrivé ce moment, dois-je l’avouer ? un peu désiré, mais surtout redouté, où je vais tenter de mettre en pratique tous les enseignements qui m’ont été données et, cette fois, c’est pour de bon que je vais faire usage des deux galons qui ornent mes manches ! Saurai-je me montrer à la hauteur de cette tâche effroyable qui consiste à conduire ses semblables au feu …. A la mort … Je ferai de mon mieux et, d’ailleurs, ce n’est qu’une section de 60 hommes que je commanderai.

-       Dernier repas pris en famille ; ma Mère, en me voyant revêtu de mon uniforme, ne peut contenir ses larmes, mais je la réconforte par de viriles paroles et le diner est rapidement expédié. Mon frère[2] rejoint son régiment (le 5e Territorial) demain. Qui aurait prédit, ce soir, que pendant de longues années, nous serions séparés l’un de l’autre ![3]

En route pour la Gare de l’Est ! J’ai écourté les adieux et, tout le long du trajet, je trouve mille mains complaisantes pour porter ma cantine. Me voici dans le train ; des milliers de gens nous regardent partir et nous acclament sans arrêt. Nous sommes là dix officiers, dans ce compartiment, et les langues ne chôment pas pendant le voyage, on doit s’en douter ! Que sont devenus tous ces braves et gais compagnons d’une nuit qui, en riant et en chantant, allaient opposer le rempart de leurs poitrines à l’envahissement du flot des Barbares ?

[1] Voir ci-contre la copie de cette affiche (note de l’auteur).

[2] Maurice Proutaux (NDLR)

[3] Mon frère, Sous-Lieutenant au 5e Régiment d’Infanterie Territoriale, appartenait au Bataillon de ce Régiment qui a été affecté à la défense de Maubeuge. Il a donc suivi le sort de la garnison de cette place : fait prisonnier le 6 septembre 1914, emmené en Captivité en Allemagne, il a fait différents camps dont un de représailles et n’est passé en Suisse, comme interné, que le 18 juillet 1918. Rentré en France aussitôt après l’Armistice, les circonstances ne nous ont permis de nous revoir qu’en janvier 1919 (note de l’auteur).

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Souvenirs de Campagne - Grande Guerre 14-18
  • Vous trouverez ici le Journal de guerre de mon aïeul, le capitaine Lucien Proutaux, écrit du premier au dernier jour de la Grande Guerre (1914-18). Ce journal est publié jour après jour, 100 ans après les événements relatés et a débuté le 1er août 2014.
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