17 Septembre 1918
17 Septembre 1918
Après quelques péripéties et un voyage des plus inconfortables, j’ai réintégré la D.T.M.A.[1] dans le courant de la matinée et l’ai encore retrouvée à Provins quoiqu’il soit toujours question de son départ.
Inutile de dire que, ainsi que la précédente, ma permission, passée au milieu de ma petite famille, s’est enfuie comme un rêve et j’ai été surpris d’en voir venir le dernier jour alors qu’il me semblait être arrivé de la veille. C’est naturellement le cœur bien gros que je suis parti, mais, cependant, cette fois, il est permis de penser que nous arrivons au terme de la séparation et que, si le Dieu des batailles veut bien ne plus nous abandonner, nous verrons resplendir dans un avenir pas trop lointain, le jour béni de la réunion !
Photo prise à Baignes en Charente le 16 septembre, veille du retour de permission
Pendant mon séjour en Charente, les opérations ont poursuivi leur cours dans des conditions toujours aussi favorables.
Nos alliés américains, qui décidément sont de rudes soldats, ont enregistré à leur actif un magnifique fait d’armes : la prise de St Mihiel. Le 12 septembre, par un temps abominable, ils ont attaqué par le Nord et par le Sud le saillant auquel on avait donné le nom de « hernie de St Mihiel » et, quelques heures plus tard, les deux colonnes d’attaque faisaient leur jonction et voyaient tomber en leur pouvoir tout ce qui se trouvait dans ce saillant, prisonniers très nombreux et matériel important. Les Boches occupaient ce point depuis le 24 septembre 1914…
Le saillant de St Mihiel : Les 12 et 13 septembre 1918, avec l'aide des Américains, dont ceux de la 2e division d'infanterie, de l'American Expeditionary Force, commandée par le général Pershing, 264.000 militaires sont jetés dans la bataille. Près de 216.000 soldats d'entre eux sont Américains ; les 48.000 autres... français. L'ensemble du contingent est appuyé par 1.444 avions, 3.100 canons et 267 chars légers. (in http://horizon14-18.eu/saint-mihiel.html )
Malgré leur retrait, malgré les échecs qu’ils essuient presque journellement, nos ennemis ne veulent pas se décider à laisser Paris en paix ; ainsi pendant la nuit du 15 au 16, leurs Gothas ont encore éprouvé le besoin de faire une incursion sur la capitale et ont causé d’assez sérieux dégâts. Les Magasins Dufayel[2] ont été atteints et endommagés. Etant passé en auto à proximité de cet édifice, en rentrant de permission, j’ai pu contrôler l’exactitude de ce fait car on réparait le dôme et de nombreuses vitres étaient brisées.